C’est moi qui l’ai fait !

Les parents qui me lisent connaissent ce sentiment : être fier de leur enfant pour un truc normal : Il tient son pied ! Il a fait caca ! Écoute, il dit papa ! (objectivement, il dit “praprazohu…”) Regarde, il sourit !

“Ah ça… il n’est pas en retard” disait ma belle-mère de la plupart des enfants qu’on lui présentait.

Un jour, alors qu’il avait tout juste deux ans, mon fils aîné, Josquin, m’a récité quelques vers de Verlaine alors qu’il pleuvait.

J’étais fier ! Super fier, mais bon, c’est moi qui lui disait ce poème quand il pleuvait, alors je n’étais pas complètement étranger au fait qu’il le connaisse. C’était quand même GRÂCE  à moi.

Quelques semaines après, nous sommes sur le quai du tram. Il me demande comment on appelle les trucs qui relient les tramways au fils électriques. Je sais que c’est un mot difficile, je lui ai lu le matin même le Gallimard Jeunesse sur les trains. Le mot ne me revient pas. Une dame nous aide en proposant : “caténaires ?”. Un jeune homme, à côté, prend part au débat et explique que les caténaires sont les câbles. Tout à coup, Josquin lance un tonitruant “Pantographe !”. Silence embarrassé pour la plupart des gens sur le quai qui s’étaient pris au jeu (une sorte de remake de “pyramide” : en deux briques : tram, caténaires… ). Moi, j’étais fier, mais fier ! Super méga fier ! D’autant que, encore une fois, c’est pas pour me vanter, mais c’est MOI qui lui avait lu le Gallimard Jeunesse…

Pourquoi je raconte ça aujourd’hui ? Parce que j’enseigne depuis plus de vingt ans. Et que parmi les jeunes que j’ai croisés, certains sont devenus professionnels. Et que parmi ces professionnels, certains me font l’honneur et le plaisir de chanter ma musique. Bien mieux que je ne le ferais !

À chaque fois que j’entends des gens talentueux qui interprètent ma musique, je ne peux m’empêcher de ressembler à Valérie Remercier dans une pub pour des surgelés. Je pense très fort “c’est moi qui l’ai fait !”, même si je sais que jouée ou chantée sans leur talent, ma musique ne serait pas la même… Mais avec des pros que j’ai connus alors qu’ils étaient enfants ou adolescents, j’ai en plus un petit sentiment assez mal placé… comme le papa qui s’enorgueillit des mérites de son enfant. C’est pas bien, hein ? Décidément, le dimanche me joue des tours, me vl’a qui passe à confesse !

Ah, sinon, rien à voir : j’ai joué aujourd’hui au puissance 4 avec Léonard, mon fils de 6 ans. Il a gagné 10 parties à 2. Je ne comprends pas… je ne lui ai jamais appris à jouer. Quelqu’un a une explication ? (Je suis dégoûté…)

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