Le jeudi, c’est Léonie (8)

La vie en strapontin de Éric Herbette

Mon ami Éric Herbette sort un recueil de nouvelles !

C’est tout l’effet que ça vous fait ? Non… sans blague. Vous n’avez pas sauté au plafond ? Moi, si ! Une telle nouvelle me réjouit comme peu de choses peuvent le faire.

Je pourrais m’étendre un peu trop longuement sur le bonheur de lire des nouvelles d’Éric Herbette, mais je risquerais de paraphraser lourdement ce que j’ai déjà écrit pour préfacer ce joli livre (c’est un grand honneur qu’il m’a fait là !). Comme j’ai son autorisation pour copier ici la préface…

Mais avant de lire la suite, commandez le livre ! Ou mieux, commandez-en 10 pour pouvoir en garder un et en offrir 9… En deux mots : je vous assure que vous aurez un plaisir immense à lire ces nouvelles, mais en plus, vous permettrez à un éditeur courageux de continuer à travailler le plus sereinement possible.

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Lorsqu’on commence à lire un texte d’Éric Herbette, on a parfois l’impression de mettre un pied dans un monde parallèle. Un univers qui ne serait pas exactement le nôtre, mais presque. Certains disent plus loufoque, plus fantasque.

Et puis, presque aussitôt, dans le second paragraphe parfois, au détour d’une phrase ou même d’une expression, ou simplement à cause d’un mot, l’univers (nouveau!) dont on venait d’accepter les règles se modifie encore et l’on s’aperçoit qu’il est encore plus loufoque ou plus fantasque que ce que l’on s’était figuré.

On peut vivre jusqu’à cinq ou six transformations de ce genre dans un texte d’Éric Herbette. Même dans une nouvelle qui ne ferait que quelques pages !

J’ai bien conscience que ces quelques mots pourraient faire peur à qui n’aime pas perdre pied… mais ne fuyez pas, au contraire ! Éric Herbette a un secret : à force de nous laisser croire qu’il nous éloigne de la réalité, il nous la révèle. Si, si ! Le présent recueil vous le prouve : en lisant les récits qui le composent, vous ferez connaissance de Louisa, de Robert-Robert-Robert-Robert-Robert-Éperdument, de Marie-Chan-Chan, de Monsieur Gustave-en-chaussons, etc. Et tout doucement vous vous rendrez compte que ces personnages, vous les connaissiez déjà. Ils se cachaient plus ou moins bien dans un coin de votre tête.

Une fois que vous en serez là, il reste un tout petit jeu : les mélanger ! Et là, vous vous apercevrez que tous ces personnages réunis… c’est vous ! Oui, vous ! Et aussi votre voisin, votre amoureux, votre amoureuse, vos parents, vos enfants…

Bien entendu, nous ne sommes pas tous le résultat du même cocktail de personnages. Certains sont un peu plus Raymonde, d’autres sont plus Achille, certains se sentent clairement Mauricette alors que d’autres sont plus franchement Bubu-déj. Ou, peut-être Amédée Charmant avec un soupçon de Petit Charles… Et on a tous quelque chose en nous de Félicien.

En ce qui me concerne, j’ai bien du mal à définir ce qui serait mon cocktail. Dans chaque texte, j’ai tendance à m’identifier tellement à l’un des protagonistes que j’ai l’impression à la fin du volume d’être multiple…

Mais… peut-être était-ce cela ce qu’Éric Herbette voulait nous montrer ? Que chacun de nous est multiple et donc que l’humanité est infinie ?

J’en frémis, j’ai peur de penser un peu trop… Le plus sage serait de relire une à une ces tendres nouvelles. Ou mieux : je vais les lire à ceux qui m’entourent. Ou non ! Je vais en adapter certaines pour en faire des spectacles !

Oui, construire, inventer, composer des spectacles à partir des textes d’Éric Herbette fait partie des choses que j’aime. J’ai le bonheur de lire et connaître ses récits depuis des années. À chaque fois, je vis un moment magique : tout d’abord, en toute confiance, je me laisse embarquer, comme si un grand-frère bienveillant me prenait par la main pour me faire découvrir le monde. Puis, aussitôt la lecture achevée, j’ai une drôle de sensation : l’impression de connaître l’histoire et ses personnages depuis des lustres. Cette sensation empire dans les jours qui suivent : parfois, j’ai le sentiment d’en avoir été l’auteur…

C’est pourquoi de temps en temps je m’octrois le droit de poser des notes de musique sur les créations d’Éric. Pour en être un peu l’auteur quand même… Ce n’est pas difficile d’adapter en œuvre musicale un texte d’Éric Herbette. Tout y est tellement léger ! Même lorsque les situations sont graves ou les personnages un peu balourds, la tendresse et la légèreté ne sont jamais loin. En ce qui concerne la forme musicale, c’est un jeu d’enfant : tout est déjà composé : Ouverture, exposition, développement, réexposition, coda…

Finalement, plutôt que « compositeur » c’est « traducteur » (des mots à la musique) que je devrais mettre face à mon nom sur nos pièces communes.

Et puis, c’est important, en plus du bonheur de connaître les textes d’Éric depuis longtemps, en plus du lien de création qui nous unit, j’ai un immense privilège : Éric Herbette est mon ami.

Ce n’est pas rien, un ami. C’est précieux. Certains, au cœur trop étroit prétendent que quelque chose de précieux qu’on aime, on doit le garder pour soi..

Mais Éric Herbette est un ami particulier. Exceptionnel. C’est un écrivain.

Or, un écrivain qui écrit avec une telle générosité, est un écrivain que l’on se doit de partager. Fusse-t-il un ami précieux.

Alors rien ne me fait plus plaisir que d’introduire par ces quelques mots maladroits ce recueil merveilleux. Heureux sont ceux d’entre-vous qui découvrirons là un écrivain sensible et bienveillant. Heureux sont ceux qui – connaissant déjà la prose d’Éric Herbette – se délecteront comme moi à lire cet auteur inépuisable et bienfaisant.

Profitez ! Lisez, rêvez, découvrez, laissez-vous aller…

Tournez la page, nous sommes entre amis.

Si vous n’aviez pas commandé avant de lire cette préface, faites-le maintenant ! À noter : Éric et moi avons justement adapté la nouvelle qui donne son titre au recueil en spectacle musical. Nous en reparlerons, mais ce sera le 23 mai 2023, salle de l’Institut à Orléans, avec La bonne chanson, Sarah Chervonaz et Jérôme Damien. Un concert mêlant le texte d’Éric Herbette et quelques poèmes du grand Baudelaire que j’ai mis en musique. Une soirée à ne pas rater, ce sera l’occasion de faire dédicacer les 10 exemplaires de La vie en strapontin que vous aurez achetés d’ici-là !

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Et puis bien sûr, comme tous les jeudis, continuons notre cycle “Un an de chansons” autour des poèmes de Jean-Luc Moreau. Cette semaine :

Un ogre et son ogresse

 

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